"Tout va mal, journal d'un dessinateur de presse", chez Rackham
J'en rêvais, et le voici: "Tout va mal" (Journal d'un dessinateur de presse), publié en avril aux éditions Rackham, réunit plus de 100 de mes dessins de presse, essentiellement publiés dans Le Monde. J'y raconte les coulisses du "métier", les dialogues (ou pas) avec les Directeurs et Directrices artistiques, les journalistes, les collègues, les maîtres. L'idée était d'échapper au catalogue d'images pour donner plutôt un aperçu du processus de travail, et un contexte à ces dessins faits souvent sous pression, presque toujours la nuit et sur du papier, en écoutant la radio. Des dessins dans lesquels je tente de concilier la nécessité d'informer et celle de m'exprimer, de faire un dessin digne qui interpelle le lecteur, mais sans le mépriser, un dessin capable de supporter aussi (plus tard) un regard neuf, hors contexte du journal. Ça fait beaucoup. Dessins ensuite bien ou pas bien imprimés du tout dans les journaux, qui s'évaporent aussitôt après publication: on les oublie. J'y ai donc mis ce que j'ai pu faire de mieux ces dernières vingt années, en espérant donner à ces dessins de presse une deuxième vie. Je tenais au passage à montrer que la différence entre "les commandes" pour la presse et les "dessins perso" n'est pas si grande, que tout est un seul et même travail. Le chapitre final du livre est dédié au procès du Bataclan, une expérience qui m'a marqué tant humaine qu'artistiquement, et m'a laissé entrevoir un monde que j'ignorais, celui de la justice, qui contient celui du "dessin judiciaire" en son noyau. Plus que chroniquer le procès lui-même, je raconte les à-côtés, le travail des dessinateurs judiciaires, des conversations avec des victimes, avocats, collègues.
Plus personnellement, ce bouquin est pour moi une façon de rendre hommage aux Troesmas qui ont inspiré mon boulot, un hommage à certains livres, le "Scat" de Hermenegildo Sábat, "Tinta China", de Scafati, "Breccia Negro", d'Alberto Breccia, "Gesta Dei" de Carlos Nine, "Human Scandals" de Brad Holland, "The Labyrinth" de Steinberg, n'importe quel livre de Grosz, de Käthe Kollwitz, de Jack Levine, de Paula Rego... En somme: la presse va mal, tout va mal, mais le dessin se porte bien. On est encore là, malgré la précarisation, l'intelligence artificielle, la monopolisation des médias, et les intégristes de tous bords. On est là.
Des échos du livre dans la presse:
"Le dessin de presse, matière inflammable", entretien vidéo avec Pauline Peretz, disponible sur le site web de La vie des idées ici.
Un long entretien de Frédéric Bosser dans le numéro 30 (avril/juin 2025) de la revue Les Arts Dessinés.
Maître Willem dans Charlie Hebdo du 30 avril.
Un joli article de Cédric Lépine dans Le Club de Médiapart.
Hacía rato que soñaba con armar un libro de mis dibujos para los medios gráficos, y acá está: "Todo va mal, diario de un dibujante de prensa", publicado en Francia por la editorial Rackham. A través de más de 100 dibujos, la mayoría para el diario Le Monde, trato de contar algo de mi experiencia de dibujante, los diálogos (o no-diálogos) con jefes y jefas de arte, con periodistas, colegas y maestros. La idea es No huírle al catálogo de imágenes y contar algo, darle un contexto a esos laburos hechos casi siempre bajo presión, de noche, sobre papel y con tinta, escuchando la radio, que salen luego bien o mal impresos y desaparecen casi instantáneamente. Se olvidan. De ahí viene la idea de darles una segunda vida. Y mostrar también que no hay mucha diferencia entre "los pedidos" y el "trabajo personal", entre ganarse el mango y hacer lo que nos gusta. Un capítulo al final del libro está dedicado al juicio de los atentados del Bataclan, por lo que significó para mí como experiencia humana, de pasar un año en los tribunales, y para narrar algo de ese mundo aparte que es la justicia, que contiene a su vez a otro, el dibujo judicial. Más intimamente, es un homenaje a los y las Troesmas que me influenciarion y me dieron (y dan) ganas de dibujar, a libros (porque yo me crié y aprendí con libros) como el "Scat" de Sábat, el "Tinta China" de Scafati, el "Breccia Negro", el "Gesta" de Nine, el "Vera Historia" de Oski, los libros de Grosz, de Käthe Kollwitz, de Jack Levine, de Steinberg, de André François, de Paula Rego...Y un recuerdo del impacto que los Milagros de la prensa gráfica (a las que les dediqué varios posts en Troesmas) me causaron de pibe. Veía pasar dibujos de todos esos monstruos en los diarios y revistas que mis viejos compraban (las revistas HUMOR y EL PERIODISTA de Cascioli, y todo lo que las ediciones de la Urraca publicó) y los recortaba, los guardaba en una carpeta y los copiaba. Resumiendo: la prensa va mal, todo va mal, pero el dibujo sigue vivo. Y nosotros todavía estamos acá, a pesar de la precaridad, de la inteligencia artificial, de los integristas de toda calaña, del monopolio de la información. Acá estamos.
Dos ecos del libro en la prensa: "El dibujo de prensa, materia inflamable", entrevista (en francés) con Pauline Peretz, se puede ver en la página web de La vie des idées (La vida de las ideas) aquí.
Una larga entrevista con Frédéric Bosser (en francés), en la revista Les Arts Dessinés numero 30 (abril-junio del 2025).
Y el maestro Willem lo recomienda en el numero 1710 de Charlie Hebdo
Commentaires
Enregistrer un commentaire